Discorde au sein des scientifiques

La communauté scientifique débat essentiellement autour des différentes technologies de prolongement de la vie, aussi bien sur le caractère réalisable de celles-ci que sur leur éthique.


Les chercheurs travaillant sur le sujet semblent uniformément optimistes quant au développement de ces technologies prometteuse. Certains, notamment Reil Kurzweil, vont jusqu’à affirmer que l’immortalité ne découle plus uniquement de la science-fiction. Reil Kurzweil croit en un développement exponentiel des technologies, telles que les biotechnologies, l’ingénierie et la génétique qui pourraient révolutionner durablement la médecine. Aubrey de Grey, ardent chercheur sur le mécanisme du vieillissement biologique, appuie ses propos : il considère que mourir ne sera bientôt plus une contrainte, mais un choix.


Malgré cet optimisme au sein de la communauté scientifique, certains s’affirment plus réticents face à ces affirmations extravagantes, notamment Jean- François Toussaint, qui affirme que les perspectives d’amélioration de l’espérance de vie sont limitées : nous butons sur un palier que la médecine ne saurait résoudre puisque les principales avancées en matière d’augmentation de l’espérance de vie sont dues aux progrès de l’alimentation et de l’hygiène. D’autres objections sont faites par Denis Duboule, biologiste, qui voit en le transhumanisme un remplacement constant du corps humain pour l’améliorer, ce qui pourrait engendrer une perte d’identité de l’humain.

Débats philosophiques

La communauté philosophique s'intéresse aux conséquences morales de l’émergence de technologies de prolongement de la vie, ainsi qu’à ses conséquences sociétales. Peter Singer, philosophe, moral, donne son soutien inconditionnel aux technologies de lutte contre le vieillissement développées par Aubrey de Grey. Selon lui, la lutte contre le vieillissement semble être la meilleure stratégie pour l’augmentation de la durée de vie des patients (qui est l’objectif final de la médecine avec la réduction de la souffrance). Cette stratégie se révèle profondément pertinente pour limiter drastiquement les ressources médicinales conséquentes utilisées en fin de vie des patients pour prolonger de peu l’inévitable. Le développement de ces traitements est donc une urgence morale et économique.


Nick Bostrom, fervent partisan du transhumanisme et philosophe des nouvelles technologies, appuie le point de vue de Peter Singer sur l’urgence morale du développement de technologies antivieillissement et s’interroge sur les conséquences sociétales de la généralisation de celles-ci. Tout comme Peter Singer, Nick Bostrom répond tout d’abord à des objections intuitives de la quête de l’immortalité, notamment pour ce qui est des inégalités potentiellement engendrées ainsi que de la surpopulation. Selon lui, le prix des traitements anti-âge devrait décroître avec le temps, tout comme le prix des ordinateurs à leurs débuts. La surpopulation n’aura lieu qu’en cas de fort taux de fécondité, or celui-ci décroitra très probablement avec le développement de l’éducation des femmes. Il considère aussi que la prolongation de la durée de vie est la progression naturelle de la médecine, et que ce principe est en accord la majorité des religions : la vie humaine doit être chérie et préservée.

Rapport avec la religion


La communauté religieuse est un acteur important de cette controverse, de par le fait que la religion va bien au-delà de la simple pratique religieuse : celle-ci a une grande influence sur nos points de vue et notre culture. L’implantation de technologies révolutionnaires généralisées passe forcément par une acceptation de celles-ci par la population, et cela dépend de nos modes de pensées.


On peut opérer un parallèle intéressant entre Christianisme et transhumanisme, de par le fait que les deux se retrouvent aujourd’hui concurrents sur le marché de l’immortalité et que le Transhumanisme semble s’inspirer du Christianisme. En effet, bien que le Transhumanisme soit un mouvement athée, il est associé à une idéologie et garantie le salut grâce à l’ingénuité humaine. La mort, dans le Christianisme comme dans le Transhumanisme, est un point central. C’est en cela que le Transhumanisme peut déranger profondément la communauté chrétienne, d’autant plus que les méthodes pour augmenter la durée de vie sont contraires aux principes chrétiens, notamment le caractère sacré de la chair.

L’islam partage quelque peu le point de vue du Christianisme, par un passage tiré d'un verset coranique qui indique l'importance de l'équilibre imposé par le ciel.


Les religions orientales telles que le bouddhisme, le shintoïsme et l’hindouisme sont, elles, bien plus favorables aux technologies transhumanistes. Tout particulièrement le bouddhisme et le shintoïsme dont les préceptes concordent parfaitement.